Terroir sud-bourguignon renommé pour son élevage bovin, le pays Charolais-Brionnais recèle bien d’autres trésors à destination des amateurs de patrimoine historique et culturel, à commencer par ses nombreux châteaux.
Nous n’entendons pas à travers cet article les citer tous. Aussi la présentation se focalisera-elle sur quelques ouvrages emblématiques, ayant pour avantage d’être ouverts périodiquement à la visite, suivant accords passés entre propriétaires et offices de tourisme locaux. N’hésitez pas à vous rapprocher des professionnels concernés pour vos excursions !
De fil en aiguille, un ouvrage sans cesse remis sur le métier
Le château de Drée, à Curbigny, ne s’est pas toujours nommé ainsi. Un certain Étienne, originaire d’Arnay le Duc, en actuelle Côte d’Or, comte de Drée de son état, transfère le titre à ses nouvelles terres, connues jusque là comme « La Bazolle ». Nous sommes aux alentours de 1750 et notre homme succède, entre autres possesseurs des lieux, à la maison de Damas, lignée de notables venue du Forez voisin.
Plus d’un siècle auparavant, en 1620, le domaine appartient à Charles Blanchefort de Créquy, duc de Lesdiguières et maréchal de France, issu d’une famille artésienne. On dirait aujourd’hui, le Pas de Calais.
C’est à cet officier de Louis XIII que l’on doit la majeure partie des constructions actuelles, ainsi que l’ancrage septentrional des futurs propriétaires. Un précurseur, en somme…
Les blasons se succèdent et, durant la deuxième partie du XIXe, s’installe la famille de Croÿ d’ascendance picarde, également très implantée dans le jeune royaume de Belgique.
Ghislain Prouvost, héritier d’une longue et prestigieuse dynastie textile du nord de la France, reprend l’ensemble en 1995 en vue de le rénover, et l’ouvrir au public.
On peut ainsi y admirer un corps de bâtiment encadré de deux ailes symétriques, le tout surmonté de hautes toitures d’ardoises. Un jardin à la française, comportant bassins et roseraie, complète l’ensemble.
Lorsque les chiens aboient, les caravanes passent… et s’installent
Jusqu’au XIXe s. le domaine de Montrouant, à Gibles, s’étend sur plusieurs centaines d’hectares. Ces temps glorieux ne sont plus et, de nos jours, la surface totale a été ramenée à de bien plus modestes proportions, de l’ordre de 20 ha.
L’ensemble s’organise autour d’une colline surplombant la bâtisse que l’actuel propriétaire, Jean-Michel Gruel, a mise en vignes. Voilà de quoi accompagner dignement un plat de viande du cru !
Les corps de bâtiments sont datés XVIIe. On les doit à une famille de seigneurs locaux originaires de La Clayette dont Aimé Chevalier de Monrouant, disparu au milieu du XVIIIe, est certainement le plus illustre représentant. En ces temps troublés entachés de nombreuses guerres à l’issue incertaine, l’homme est en effet cornette, c’est-à-dire modeste officier de cavalerie.
Le domaine passe ensuite aux mains des Perrin de Daron, issus de leur fief d’Oyé. Le château est réaménagé de fond en comble, dans le style néoclassique de l’époque. L’édifice se trouve flanqué de tours carrées et, sur son versant opposé, se trouve une terrasse couverte.
Mais aujourd’hui c’est bien le parc, converti en camping 3*, qui fait l’essentiel de la renommée des lieux !
Oyé, par ici la belle entrecôte !
Le château de Chaumont, à Oyé, appartient en 1750 à Jean Circaud, éleveur-marchand bovin de son état. Associé en affaires à son cousin Emiland Mathieu, l’entreprise prospère rapidement au point que la modeste propriété, née d’un simple corps de ferme, s’accroît et embellit. Jusqu’à muer en un somptueux domaine, tel qu’on peut le voir aujourd’hui !
Fait notable dans l’univers de la châtellenie locale, Chaumont appartient toujours, malgré l’épreuve du temps et les unions successives, aux descendants de la famille Circaud. Belle prouesse !
On peut y voir une ancienne grange dans le prolongement du corps de logis, présentant lui-même des combles mansardées percées de lucarnes.
Au cours des premières années du XXe s. furent entrepris d’importants travaux sous l’égide des Du Marais, propriétaires des lieux. Cela apporta des éléments néo-gothiques à l’architecture, par le biais entre autres d’arcs brisés ajoutés aux ouvrants.
Vous pourrez flâner dehors à travers les allées d’un jardin à la française de 4 ha, clos d’une longue charmille.